Flupa UX Days 2019 – Les ateliers
La semaine dernière avec une partie de l’équipe de Maltem Luxembourg, j’ai assisté aux deux jours des Flupa UX Days, la grande conférence sur l’UX en France. Comme chaque année, j’ai pris pas mal de notes et vous fait donc un petit condensé de ce que j’ai vu, appris et des conférences et ateliers qui m’ont marqué.
Je commence cette semaine par un petit récapitulatif des 4 ateliers auxquels j’ai pu participer durant la journée du jeudi.
Atelier – Whiteboard challenge
Le concept de l’atelier
J’ai commencé ma journée par l’atelier Whiteboard Challenge animé par Nicolas Catherin, Senior UX Designer chez Stash.
C’est une méthode qui vous permet de comprendre comment les gens résolvent un problème dans un temps précis. Elle a été popularisée par différentes grosses entreprises et sert d’outil de recrutement UX pour certaines.
Elle peut également être utilisée dans un atelier d’idéation pour sensibiliser des publics non design à la démarche de conception. Le but : montrer que non, on ne tombe pas amoureuse de sa première idée, mais que la conception est un processus itératif.
Nicolas proposait une matrice de résolution, mais vous pouvez également laisser les candidates proposer la leur. On le rappel, le but de l’exercice n’est PAS de résoudre la problématique MAIS de comprendre comment la personne réfléchie et résout des problèmes.
Concrètement, comment ça se passe ?
Il convient de préparer l’exercice en amont car la candidate va poser des questions pour affiner ses réponses à la problématique. La facilitatrice (= la personne qui fait passer l’entretien) va définir un contexte et aider la candidate à le comprendre. Elle joue un peu le rôle d’un MJ (maître de jeux) pour celles et ceux qui ont l’habitude du jeu de rôle. Son rôle est de guider la personne dans la compréhension du problème et de pouvoir lui donner des éléments clé, de rassurer, sans jugement avec tact d’empathie.
La candidate peut alors poser toutes les questions qu’elle veut (dans notre cas, nous avons posé les questions pour remplir le canvas de Nicolas) et articuler sa réflexion autour de ses réponses.
Encore une fois, le but n’est pas forcément le résultat, mais le chemin, comprendre la réflexion de design.
J’ai particulièrement apprécié dans le canvas de Nicolas la partie « représentation visuelle de la solution choisie ». J’aime beaucoup de base l’évocation par le dessin, et je trouve que c’est une façon ludique de visualiser le fruit d’une réflexion. Du coup, voici à quoi ressemble mon exercice, les pistes de réflexion en haut et le sketch de la solution en bas :
Mon avis sur la méthode
Je trouve que c’est un excellent exercice pour un entretien d’embauche pour d’un profile de UX designer pour comprendre comment la personne réfléchi. Comme le dit Nicolas « tu peux bullshiter ton portfolio mais tu pourra pas bullshiter cet exercice ». Il permet de recaller assez vite des profiles qui foncent directement vers la première solution. La partie interessante à mon avis n’est pas tant la solution de la candidate mais le type de question qu’elle va poser.
Nicolas a également cité quelques limites
- Ce n’est PAS une méthode de travail mais d’idéation, elle permet de voir comment les gens résolvent des problèmes, pas forcément de les résoudre
- La personne qui est « interviewée » ne fait pas de recherche c’est à la personne qui facilite de la donner
- Le facteur stress est important et à prendre en compte : il perturbe le candidat qu’il faut alors rassurer, accompagner, voir adapter la méthode.
La dataviz aux p’tits oignons !
Je me suis inscrite car je pensais apprendre les concepts de base de « comment transformer un jeu de donnée en dataviz » avec des conseils sur différents types de visualisation, etc.
Le déroulement
Au final j’ai assisté à un atelier plutôt très ludique sur la « forme ». Les présentatrices (Gwendoline Fradin, Marion Pillet et Elise Martin) nous avaient préparé un jeu de donnée. En 45 minutes, le challenge des équipes était de prendre 3 données de ce jeu et les représenter de manière originale avec différentes choses que l’on trouve dans la cuisine, avec en plus, une contrainte par groupe.
45 minutes plus tard, voici notre résultat :
Mon avis sur l’atelier
Cet atelier plutôt original permet à des gens qui n’ont pas l’habitude de la dataviz de sortir des sentiers battus. J’ai néanmoins un peu de mal à imaginer mettre ça en pratique à un moment donné dans ma vie professionnelle, mais ça doit sans doute dépendre du domaine et des clients.
Le tarot : un outil revisité par le design pour booster vos phases de recherche et d’idéation
Cet atelier m’intriguait car je suis plutôt curieuse des méthodes d’idéation.
Le concept de l’atelier
Hiveworks a créé un jeu de carte pour aider à l’idéation en se basant sur les cartes de tarot. Ils (Alexandre Simon et Claudia Poma) nous expliquent que le tarot au 15e siècle avait une vocation éducative, la partie ésotérique est arrivée au 20e. Chaque arcane est un archétype qui représente des attributs et valeurs.
Leurs cartes ont été réinterprétées avec des animaux pour retirer une partie des biais qu’on a souvent sur la représentation des humains.
La présentatrice et le présentateur nous expliquent ensuite différents types de tirage qui sont eux issus du tarot ésotérique. Ielles nous rappelle cependant que les cartes sont là surtout pour stimuler la discussion. C’est un outil participatif, il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. Nous restons des designers pas des voyantes, il ne faut pas non plus aller trop dans toute la partie mystique voyance avec cet outil !
Le déroulement
Nous nous essayons à un tirage à croix sur la problématique « quelle est la place de la trottinette électrique dans la micro mobilité parisienne »
Le but est d’utiliser les cartes pour favoriser des discussions autour de cette thématique et différents axes :
- Carte de gauche: bonne experience
- Carte de droite: mauvaise experience
- Carte du haut : le trigger, où comment passer de la mauvaise à la bonne expérience
- Carte du bas : penser au futur, à ce qu’on veut et désir par rapport au sujet
- Carte du milieu : on ajoute les nombres de toutes les cartes. Puis on ajoute les 2 chiffres obtenus (par exemple 59 donne 5 + 9, la carte du milieu est donc 14). Cette carte de synthèse permet de transformer notre question en challenge design. Dans notre cas : comment mieux encadrer l’usage de la trottinette pour lui offrir une place.
Voilà ce à quoi ça ressemble avec nos pistes de réflexions sur les côtés en post-it
Nous avons ensuite dans l’ordre numérique, ce qui nous a permis de construire un parcours avec des moments clé.
Mon avis sur ces cartes
Certains groupes se sont au final très vite éloignés des cartes vers des discussions plus ouvertes, alors que dans notre groupe, les cartes ont servi de vecteur de discussion pour ensuite élargir au-delà de ces dernières.
De mon côté, je trouve la partie « ordre chronologique » plutôt intéressante surtout quand on parle de parcours. Les cartes de tarot sont conçues pour avoir une continuité quand on les met bout à bout (jeu de moooooot pour les joueuses de tarot ^^) dans un ordre chronologique. Je trouve que cette logique fonctionne plutôt bien sur de l’idéation de parcours utilisateur (ou sur un user journey map) par exemple.
Et puis soyons honnêtes : les illustrations de ces petites cartes sont magnifiques!!
Pour aller plus loin Envisioning future user journeys: Tarot Cards as a design tool
Focus Game : un jeu de plateau pour récolter les points de vue
Le concept de l’atelier
Alexis Sadowski et Marie Vacher nous ont présenté un joli jeu de plateau inspiré de la méthode du Focus group. Le principe est de réunir différentes personnes et les faire réfléchir ensemble sur des sujets, lancer des débats, etc. Cet outil est utile en début de projet pour récolter des points de vue, en format un peu ludique et est présenté sous forme de jeu de plateau autogéré.
Le déroulement
Nous avons « joué » à 4 autour du jeu, devant nous des petites tuiles et des feutres effaçables. Notre sujet de réflexion était « une société en transition”. Bon, je vous avoue qu’après une journée d’atelier et une réflexion très pessimiste sur les trottinettes électriques dans l’atelier sur le tarot telling et un mois plutôt difficile sur le plan pro et perso, mon moral était des les chaussettes. Du coup mes réflexions sur ce sujet était carrément déprimantes à ce stade de la journée. Encore désolée pour mes coparticipantes et coparticipants ^^
La phase d’échauffement était de se présenter en dessinant son petit avatar. Plutôt sympa pour briser la glace.
La première phase a consisté à nous interviewer par équipe de 2 et noter des mots clé des interviews sur 9 petites tuiles.
La phase suivante était de prendre les tuiles et les répartir sur différentes catégories sur le plateau. Si une personne la même tuile, on les groupe.
Nous avons ensuite utilisé les tuiles d’hexagone pour rédiger une problématique et une solution en utilisant à chaque fois 3 tuiles sur le plateau. Cette partie est intéressante car c’est le moment de rebondir sur les tuiles des autres.
Mon avis sur ce jeu
Je trouve que la partie « auto gérée » des participants est à double tranchant. Le fait de devoir interviewer une seule personne, noter sur un nombre de tuiles limitées est frustrant pour moi : j’ai que 9 tuiles, je veux noter pleins de choses, et si je note des choses au début et que la personne dit des trucs intéressants à la fin et j’ai plus de tuiles, je fais quoi ?
Au moment de poser les tuiles, même frustration : je ne me souvenais plus vraiment pourquoi j’avais noté certains trucs, pareil pour les autres participantes. Du coup j’ai l’impression que sur un jeu de plateau autogéré on perd une grosse partie des richesses et discussions de la méthode du focus groupe.
Je pense que ce jeu est intéressant à l’intérieur d’une équipe design par exemple ou équipe produit pour des ateliers d’idéation. J’ai néanmoins beaucoup plus de mal à l’imaginer appliquée avec des utilisatrices finales par exemple, j’ai peur qu’elles soient un peu perdues, surtout sur la phase d’interview.
Voilà, c’est tout pour la journée d’atelier. Dès que j’ai un peu de temps je vous mets mes notes sur les conférences. Une partie des conférences étant en anglais par contre je risque de découper l’article sur les 2 parties du blog.